lundi 10 juin 2013

Ancienne Douane, lieu central, emblématique, stratégique... en voie de gaspillage

L'enseigne explicite sur la fonction originelle des lieux. Source: image google
Les différents camps politiques strasbourgeois se disputent depuis des mois au sujet de cet édifice du XIVe siècle, reconstruit après les bombardements de la seconde guerre mondiale.

Un grand bâtiment largement inexploité

Le bâtiment contient une grande brasserie et une crèche dans sa partie occidentale. Avant la construction du MAMCS plus en amont dans les années 90, l'ancienne douane abritait également le musée d'art moderne et contemporain de la ville.

Aujourd'hui la majeure partie de ce vaisseau est inoccupée. C'est un lieu qui caractérise l'image médiévale de Strasbourg, surplombant l'Ill. Un lieu très bien situé mais largement vide.

Un marché couvert ou un lieu de culture ?

Est née l'ambition d'en faire un point de vente en circuit court, en collaboration avec des producteurs agricoles jouxtant l'agglomération. Une sorte de marché couvert, avec des producteurs présélectionnés,  car le nombre de places est limité.

D'autres défendent un projet à vocation plus culturelle, pour mettre à profit cette situation de "porte de la Grande-Ile". Il faut rappeler que la fonction détermine la forme. Cet édifice a été conçu pour stocker des marchandises au Moyen-Age. Des marchandises venant de l'hinterland alsacien, à destination du nord de l'Europe, sur le Rhin. Ou des marchandises faisant le chemin inverse. Quoi qu'il en soit, c'était un lieu de marché, d'échange, de commerce. Rien dans la morphologie de ce bâtiment n'est pensé pour être un lieu muséal. MCe n'est pas pour autant que cela empêche une nouvelle vie de nature différente, le vieux port prussien de Strasbourg plus au sud en est l'image. C'est juste que l'installation d'un marché couvert semble plus naturelle car fonctionnellement adapté aux lieux.

Et pourquoi pas les deux ?

On tente aujourd'hui d'opposer les deux projets, comme deux visions politiques qu'il ne faudrait surtout pas concilier au risque que l'électeur s'y perde. On les oppose alors qu'avec un peu de bonne volonté, et en considérant les énormes espaces vides de l'ancienne douane, on pourrait peut être réaliser les deux. Aujourd'hui c'est le marché en circuit court qui a remporté la manche. Pourtant, il n'occupera pas tout l'espace, l'étage sera toujours complètement vide. Le maire évoque l'étage comme un espace qui pourrait accueillir de nouveaux restaurants... plus tard...
Des restaurants. N'y a t-il pas encore assez de restaurants ou d'espaces qui sont plus propices à la restauration, dans le secteur de la Grande Ile ? On a la vague impression que le maire s'obstine à ignorer chaque proposition de l'opposition juste parce que c'est une idée de l'opposition. Si encore l'idée d'y installer des restaurants était pertinente...

Si c'est vrai que l'ancienne douane n'a formellement rien d'un musée, sa position en tête de proue peut en revanche être profitable et un aménagement astucieux peut faire exister un vrai lieu culturel en ces murs. Un lieu culturel polyvalent, catalyseur des activités et productions artistiques de l'agglomération. Un lieu d'expositions sur de grands thèmes, pourquoi pas l'Europe ? Un lieu modernisé à l'image du Musée Historique ou des Haras Nationaux, qui pourrait, pour illustrer ces propos, accueillir par exemple un grand défilé de mode, une exposition sur les cultures de l'Europe, des réunions de concertations, des meetings, ou un grand gala de chefs d’États !
Le grand volume disponible sous la toiture de l'ancienne douane, complètement inexploité ! Source: sarkis.fr

Une antenne au centre-ville pour les incentives ?

 Un lieu de prestige dans lequel on pourrait aussi trouver des salles de séminaires pour les incentives, à deux pas de la cathédrale. Le nouveau PMC ne doit pas constituer la seule offre de salles de séminaires. L'ancienne douane pourrait être une antenne de ce PMC au centre-ville. Car dans ce secteur, il faut compter sur les hôtels et restaurants pour disposer de ce type de service, alors que la ville devrait être en mesure d'en proposer aussi ! Un usage pour les organismes privés, mais dont la ville peut disposer aussi pour ses réunions publiques. L'Aubette place Kleber, avec le récent don de la regrettée galeriste parisienne Denise Renée, pourrait devenir un espace à vocation exclusivement culturelle.
Le musée historique de Strasbourg et sa scénographie attrayante. Source: image google
La reconversion des haras nationaux en biocluster. Source: latribune.fr
Plus proche de la vie de la ville au quotidien, le rez-de-chaussée serait alors aménagé en marché couvert. Un marché couvert plus vaste que celui prévu, moins sélectif, et qui pourrait déborder sur l'extérieur les jours de grands marchés. En décembre la place Kleber ne serait donc plus un immense fourre-tout où se côtoient difficilement marché, marché de Noël et parvis du grand sapin.
Le nouveau marché couvert de Colmar, un modèle en terme d'agencement. Les opérateurs touristiques y font même passer leurs groupes !
Quant à l'actuelle Brasserie, elle pourrait trouver à l'étage la même surface qu'au rez-de-chaussée, avec plus de hauteur en valorisant le volume présent sous les combles. Seul bémol, la terrasse qui se trouve au niveau du rez-de-chaussée. La brasserie devrait donc conserver une certaine emprise réduite à ce niveau pour pouvoir l'utiliser. Une emprise qui pourrait devenir le bistrot convivial du marché, au centre de celui-ci.

On se refuse à étudier le potentiel véritable de ce lieu en bataillant comme des gaulois. On se refuse de repenser l’édifice et son volume dans sa totalité, on se refuse le courage et l'ambition et on gaspille un lieu de plus dans la précipitation. On oublie surtout que cet édifice pourrait redevenir un lieu de vie central !

  • En vert et au rez-de-chaussée, le marché couvert.
  • En violet les parties supérieures orientales destinées aux expositions culturelles temporaires, aux événements artistiques, et à une ou deux salles de réunions équipées.
  • En orange, la grande brasserie.
  • En jaune, l'actuelle crèche. 
Autres vues de l'aménagement possible:




mercredi 5 juin 2013

Réaménagement des berges de l'Ill, couronnement d'un centre-ville humain, oxygéné et attractif


Depuis près de vingts ans Strasbourg se distingue pour la préservation du dynamisme économique de son centre ancien. La Grande Ile est une entitée patrimoniale unique, mais aussi une réussite urbaine exemplaire. Un centre-ville médiéval qui concentre emplois et activités dans une grande harmonie architecturale, paysagère et de mobilité. Un centre-ville médiéval qui n'a pas connu l'asphyxie. Et c'est par un choix étonnant pour l'époque, qui surprendrait encore dans bien des villes : la majeure partie de la voie publique aux piétons et aux cyclistes, structurée par un efficace réseau de tramway. Des voies pénétrantes sont préservées pour la desserte automobile. C'est une réussite totale. Et c'était un pari fou. Mais tellement sage pour la santé de notre ville.

Humanisation de la ville

Aujourd'hui, l'agencement du centre-ville tel que nous le connaissons semble totalement logique. Qui se souvient de la Place Kléber comme du giratoire majeur du centre-ville, où se côtoyaient chaque jour 45 000 véhicules ? On annonçait la mort du centre-ville : la disparition des voitures en centre-ville c'est la fin des commerces, des emplois, des restaurants, etc... Force est de constater qu'on a pas besoin de la voiture partout, et que le développement de certains secteurs urbains, particulièrement les centres anciens denses, passe par une « humanisation » des espaces, au détriment de l'automobile. A condition de créer une interface qui permet d'accéder au centre-ville en passant aisément de la voiture à un autre moyen de transport, dit "doux". Aisément implique facilité et rapidité.

Le chemin parcouru a été concluant, tout le monde s'accorde pour dire que la Grande-Ile fait partie de ces centres urbains où il fait très bon vivre. Un centre-ville humain, convivial, sans voitures, mais complètement vivant et attractif, car accessible ! Cependant, Strasbourg (comme la plaine du Rhin Supérieur), par sa situation géographique et climatique particulière, reste polluée. Strasbourg est la seconde ville la plus polluée en France après Marseille. On peut être fier du travail accompli jusqu'à aujourd'hui, mais ce qui est évident, c'est qu'il faut prolonger cette logique. Et on franchit progressivement les échelons, sans chasser entièrement la voiture, ce qui serait une erreur. Ainsi, la place du Château, la place Saint Thomas et le Secteur Saint Étienne vont passer de lieux de transit à lieux de vie. La Place du Château, dévalorisée par la voiture jusqu'en 2010, deviendra c'est certain, une des places les plus prestigieuses, emblématiques et fréquentées de la ville. Ce qui n'a jusqu'à aujourd'hui jamais été le cas. C'était un vide résiduel. Bientôt elle fera partie des lieux incontournables.



En vue de l'aménagement de la totalité de l'hyper-centre, en tentant de tendre vers un milieu urbain « 0 CO2 », on pense à un axe oublié par cette logique. Il existe en effet un endroit en plein cœur de la ville où piétons et cyclistes n'ont rien pour eux. Il est dangereux pour les non-automobilistes d'y circuler. On peut vraiment en dire que les usagers s'y bousculent. Il s'agit bien sûr des quais Finkwiller, Saint Nicolas et des Bateliers. C'est un exemple de mauvais partage de la voie publique. Il n'est pas forcément utile de piétonniser entièrement cet espace, mais de le repenser, à la manière des zones de rencontres: priorité aux piétons et aux cyclistes.

Un aménagement qui définit les traits de la ville du XXIe siècle: la ville à vivre et non plus pour vivre

Ce projet me tient à cœur depuis des années et il est temps d'introduire le débat ! Qu'est ce que la voiture, en ces proportions, fait encore en plein cœur du secteur sauvegardé (alors que pour desservir le centre-ville en voiture, il y a déjà des voies pénétrantes, et sachant qu'il est possible de créer un itinéraire de déviation) ? Ne peut-on pas envisager une ligne de Bus à Haut Niveau de Service reliant les Tram BF, AD et CEF de la station Musée d'Art Moderne à Gallia ? A t-on pleinement conscience que ces quais présentent un point de vue remarquable sur le paysage urbain de la Grande Ile dominée par Notre Dame ? Si les Champs Élisée forment l'axe monumentale de prestige de Paris, ces quais forment la voie monumentale de prestige de Strasbourg ! Va t-on enfin penser aux piétons et aux cyclistes sur cette voie ? Ne serait-il pas envisageable de profiter de l'eau en l'intégrant pleinement à la ville, en valorisant la vue sur le vieux Strasbourg et en créant un nouveau lieu de vie urbain ? La ville tourne toujours le dos à sa rivière alors qu'il faut créer un dialogue : pontons, gradins, lieux pour se prélasser, … Cette voie est complètement négligée. Le long des façades, on peut aisément imaginer que de belles terrasses débordent sur la voie, pour l'animer. Aujourd'hui les étroits trottoirs ne permettent pas cette vie. Allons plus loin : des aires de jeux, des fontaines, des sculptures. Strasbourg ne voulait elle pas mettre au point un chemin des droits de l'Homme rythmée par les Statues de grands hommes et femmes ? Le pauvre Gandhi se trouve bien isolé place de l'Etoile... Ce chemin si on le prolonge, mène d'ailleurs vers les institutions européennes.

On peut évoquer la remarquable transformation des quais de la Garonne à Bordeaux, qui sont à une tout autre échelle, mais qui offrent un lieu de vie harmonieux, où les terrasses et les gradins vers l'eau permettent de s'arrêter, contempler, se retrouver. On peut imaginer un parcours ponctués d’œuvres d'arts, plus de végétation, des pontons au bord de l'eau... Une promenade urbaine mettant en scène la ville, où on ne fait pas que passer mais où on vit et où les déplacements sont garantis et structurés par des bus silencieux !

vendredi 8 mars 2013

TC-Alsace - Mobilité et Urbanisme en Alsace


Seule association alsacienne consacrée entièrement à la mobilité et à l'urbanisme, TC-Alsace réunit  des spécialistes de ces domaines comme de simples passionnés.

L'association formée d'un groupe hétéroclite et présidée par Damien Senger et Kévin Benoit prend position régulièrement sur des sujets brulants, que ce soit sur son site web ou dans la presse. J'ai la chance de m'occuper des questions d'urbanisme.

Le forum est un lieu animé, parfait pour se tenir au courant de l'actualité alsacienne et strasbourgeoise.

L'association grandit doucement et tend à se faire connaître. Si les questions de mobilité et d'urbanisme dans la région vous préoccupent n'hésitez pas à venir nous rejoindre, que ce soit en tant que lecteur, ou en tant qu'intervenant engagé !

Alors le tram sur pneus, Pour ou Contre ? Comment doivent évoluer les déplacements en ville et en centre-ville ? Faut-il construire des tours à Strasbourg ? Est-ce judicieux de construire un quartier d'affaires au Wacken ? La Place des Halles rénovée, le nouveau Printemps, quels résultats ? La vie culturelle et nocturne, quelles évolutions ? Autant de sujets évoqués auxquels on trouve souvent une réponse de technicien ou de passionné.

Ça se passe ICI


Tribunes parues dans la presse en 2012:
Quel avenir aéroportuaire pour l'Alsace ?
Malraux un pôle d'avenir


samedi 2 mars 2013

Strasbourg & Parlement européen

Un nouvel article sur la question du siège du parlement européen, parue dans Rue89 Strasbourg.

Mariya Gabriel, eurodéputée bulgare du groupe PPE livre son point de vue. Elle est pour Strasbourg parce que c'est un symbole, et parce que pour la construction européenne c'est un symbole fondamental. 

Seulement, si Strasbourg est une ville décrite comme une ville qui a une âme plus humaine et conviviale opposée à Bruxelles, elle a ses lacunes qui finiront par lui faire définitivement du tort.


A noter: des hôteliers qui se tirent une balle dans le pied, et des autorités locales effacées qui ne se penchent pas sur la problématique, en se protégeant avec les traités. Une capitale, c'est une ville dans laquelle on a envie de rester parce qu'on ne s'y ennuie pas ! A Paris, à Bruxelles, il y a une vie après le travail. A Strasbourg non. Ce n'est pas une histoire de taille, il n'y a pas de taille critique pour être une ville vivante. La situation est due tout particulièrement aux politiques qui jamais n'ont compris ce que l'expression "vie urbaine" veut dire, en ne favorisant jamais le réveil de la ville. Et croire que c'est en réglant la question de l'accessibilité qu'on règle tout, c'est montrer aussi, qu'on ne comprendra jamais rien à ce problème et qu'on signe la fin du parlement de Strasbourg. La priorité, c'est la vie urbaine !

La vie urbaine, c'est une vie culturelle, que nous avons et qu'on peut nous envier c'est vrai, mais c'est surtout une vie nocturne ou en tout cas d'after work. Et les Winstubs du quartier de la cathédrale pour seul lieu de distraction, c'est un peu faible, mais c'est pourtant le résumé de ce qu'est Strasbourg la nuit.

Les bars et discothèques restent rares éparpillés et affaiblis par des habitants jamais contents, toujours en manque de calme.

Alors si nos habitants sont pantouflards, si on ne peut faire exister une vie nocturne au centre ville, il faut la faire exister ailleurs et pas forcément à Kehl ou Vendenheim, au milieu de zone industrielles ou commerciales. Mais ce thème là, jamais n'est développé, par aucune équipe à la tête de la ville. Elle est pourtant touristique depuis des siècles et capitale institutionnelle depuis des décennies. Elle se dit pourtant Métropole.

Je m’efforcerai dans ce blog de développer cette idée. On dirait que la vie nocturne ne peut exister à Strasbourg. C'est comme une fatalité. Il existe pourtant plusieurs manières de faire de Strasbourg une ville active de jour comme de nuit 7 jours sur 7, sans pour que les habitants se sentent pour autant oppressés par les nuisances.

Mais pour cela, il faut avoir envie de réfléchir, de travailler et de faire évoluer la ville. Strasbourg a cette chance incroyable de s'être vue attribuée le rôle magnifique de capitale. Peu d'élus se sont montrés jusqu'ici à la hauteur de ce rang !

mardi 12 février 2013

Ecoquartier Adelshoffen: un vrai pôle urbain pour Schiltigheim ?

Cette semaine le maire de Schiltigheim, Raphaël Nisand, a posé la première pierre d'un quartier très emblématique, le plus grand événement urbain de la ville depuis près de 50 ans.

L'ancienne Brasserie Adelshoffen rasée est devenue friche, et sa situation très centrale était l'opportunité d'en faire un pôle urbain. L'agence strasbourgeoise d'architecture Denu et Paradon, a remporté le concours.

Il s'agit de concilier logements, commerces, nouvelle médiathèque au cœur d'un parc reliant la route de Bischwiller à l'Ouest et le quartier de la gare. Évidemment il est important que le quartier soit exemplaire sur le plan environnemental, et sur ce plan il n'y a rien à redire.

Le projet

 Voici quelques images tirées du site internet de la ville, du projet de Denu et Paradon.

Le long de la route de Bischwiller se succèderont deux bâtiments longs et courbes, appelés à identifier le quartier. Ils seront en retrait pour donner plus de place aux piétons et aux cyclistes sur la voie publique.


Entre ces deux vaisseaux hauts, s'ouvrira une mini "rambla". Terme ambitieux en référence à Barcelone dont la rambla originale mesure plus d'un kilomètre de long. Ce qui caractérise en tout cas une rambla, c'est sa largeur: c'est une rue plus large que la normale, dévolue principalement aux piétons. Cette rambla schilikoise ne mesurera pas plus d'une centaine de mètres de long.


Une autre vue de la rambla, depuis le cœur du parc cette fois. L'intérieure de l’îlot est visuellement moins attrayant, dommage. Quoi qu'il en soit, le rez-de-chaussé de ces bâtiments accueillera exclusivement des commerces, dans le but d'animer les lieux.

Voici maintenant une vue de la partie Ouest du projet. Cette partie est exclusivement réservée aux logements, dans un cadre verdoyant. L'énergie solaire est exploitée au maximum. Quant aux volumes et aux matériaux, ils sont vraiment séduisants. Les logements semblent aussi disposer d'espaces extérieurs tel que des terrasses ou balcons, ce qui est vraiment important en terme de confort de vie. Seul bémol éventuel, le vis à vis: les bâtiments semblent un peu trop rapprochés.


Ci-dessus une vue de la maison à pan de bois qui sera conservée et restaurée, et qui deviendra une brasserie artisanale avec un biergarten au cœur du parc, tout à côté du plan d'eau qui sera l'élément d'agrément central du parc.

Et pour finir, une vue générale du projet: au premier plan à droite, les bâtiments signaux tout en courbes, au centre la rambla donnant sur le parc et les logements, et à gauche une idée de ce que pourrait être la médiathèque à côté de l'église Sainte Famille.

Devenir un centre-ville

Schiltigheim est la première ville de la Communauté Urbaine après Strasbourg, avec plus de 31 000 habitants. Seulement elle n'a pas de centre-ville identifiable. La ville est structurée par deux immenses faubourgs, la route du Générale de Gaulle à l'ouest et la route de Bischwiller à l'Est. Deux faubourgs qui constituent l'essentielle de l'animation schilikoise. Mais aucun lieu central animé. L'objectif de cet écoquartier est d'en constituer un. Et c'est sur ce point que l'ambition semble un peu légère. Le projet fonctionnera, mais il ne va pas assez loin, il est à peine suggestif. Lorsqu'on souhaite un quartier identifié comme le centre névralgique d'une cité, il faut le rendre visible. Le risque, c'est qu'il n'y aura jamais vraiment grand monde, jamais vraiment de l'animation.

Difficile de croire que cette mini rambla suffira pour qu'on se sente dans un pôle urbain, pour qu'on dise: "ici je suis au coeur de Schiltigheim !" La rambla est très courte à vrai dire, et puis les façades intérieures ne donnent pas envie de s'y arrêter. Il n'y a rien à voir. Quant à la rambla, elle s'oriente vers l'Ouest, un peu vaguement. On ne sait pas très bien ce qu'on va trouver en allant au delà de l'îlot de l'écoquartier. On arrive dans le parc et on choisit, à l'intuition. Espérons qu'elle soit bonne !

Dommage de ne pas séquencer la ville, dommage de ne pas jouer avec le contexte: introduire le parc progressivement, créer des points de fuite vers la médiathèque, l'église... Ce quartier sera trop plat. Depuis la route de Bischwiller on sait déjà tout ce qu'on va découvrir. Il n'y a aucune surprise, aucune évolution du paysage. Or c'est un critère élémentaire pour donner de la profondeur à une ville: créer plusieurs atmosphères.

Une ville qui vous marque, c'est une ville qui change très vite d'aspect, de paysage, de morphologie. Une ville qui surprend au détour d'une rue. Strasbourg est une ville appréciée, comme Paris, Venise, Prague et des centaines d'autres, pour cet élément précis. Brasilia, au contraire, fait partie de ces ville monotone sans surprise, car il n'y a pas de séquences.

Au fond, c'est comme un bon film ou un bon roman, la ville. Plus l'intrigue est conservée, plus on a envie d'avancer !

Analysons le plan:



A droite, le front urbain, avec ses deux immeubles courbes. Entre les deux, de droite à gauche, la rambla. A gauche, les logements nichés dans le parc. Au centre, le parc avec le plan d'eau bordée par le Biergarten à sa droite. En bas, le polygone gris clair représente la future médiathèque à côté de l’église. Le parvis entre les deux édifices doit recevoir un traitement de place, les mettant en valeur. Un chemin nord-sud parcoure le parc de bas en haut.

L'idée de l'espace public est claire, c'est un lieu qu'on traverse. Les cheminements sont directs, sans séquences.


Voilà à présent un exemple d'aménagement qui rythme l'espace, sans pour autant compliquer les cheminements. L'aménagement est basé sur la proposition de Denu et Paradon, pour se repérer plus facilement, en lui apportant simplement des "séquences urbaines". L'idée est qu'en s'y déplaçant, le paysage évolue. Ce qui n'est pas le cas dans le projet en chantier dont on devine tout depuis la route de Bischwiller.

On peut identifier 3 grandes séquences :

1 - toujours un front urbain le long de la route de Bischwiller, haut, puissant, muraille du parc. Les lignes sont simples et s'inscrivent dans le mouvement des flux de la route. Les bâtiments en courbes du projet Denu et Paradon correspondent très bien. Ci-dessus, projection des volumes.

2 - le front urbain s’ouvre et laisse découvrir un nouvel espace. La rambla, espace sans véritable identité, est remplacée par une vraie place. En Alsace, le soleil est bas, surtout en hiver. Alors, pour favoriser l'ensoleillement les jours où il fait beau, il faut élargir les lieux publics. Tant que des arbres viennent modérer un soleil d'été trop fort. La place reçoit donc un alignement d'arbres dans sa partie potentiellement la plus ensoleillée. C'est là qu'on peut sans mal imaginer des terrasses de cafés restaurants et bars. La rambla, moins ensoleillée (au printemps et en automne), véritable corridor venteux, sera moins agréable. Sur une vraie place, on peut imaginer par exemple une belle fontaine, un terrain de pétanque près des terrasses...

 L'échelle est plus humaine, les façades moins monumentales. Elles répondent désormais au parcellaire voisin. C'est une vraie place de ville, les façades sont variées, il y a un jeu, un rythme, de l'animation visuelle.




 
Le vieux Strasbourg renferme une référence évidente, une référence qui est indéniablement un lieu de vie urbain, un lieu dans lequel on aime être et passer un moment, peu importe la qualité du bar ou de restaurant: la place du Marché Gayot.

 source:http://www.geolocation.ws/v/P/12063712/strasbourg/en




Le quartier de Sluseholmen à Copenhague (ci-dessus) est un exemple de l'architecture d'immeubles redimensionnés à l’échelle de la cellule familiale. C'est la place du Marché Gayot telle qu'on la conçoit aujourd'hui. Ce modèle que nous avons pourtant utilisé durant des siècles, est complètement inconnu dans la CUS contemporaine. C'est un modèle qui représente la ville dans sa diversité, dans sa richesse. Dans un espace piéton, c'est un modèle qui donne envie de découvrir chaque façade. Ce modèle rythme et ponctue la place.


Le point de fuite est maîtrisé, la place est presque fermée. Elle ne s'ouvre que sur un côté évident. Sur ce côté, un objet attire le regard, il invite à s'approcher. On a envie de savoir ce qu'il y a, au delà de la place !

3 - Cette place fermée très urbaine, s'ouvre sur un nouvel espace, plus vaste, plus ouvert, avec des perspectives vers des éléments structurants: parc, plan d'eau, médiathèque, église, logements Ouest...




Elément nouveau: l'installation potentielle d'un marché couvert, bien au centre de l'îlot, pour attirer les schilikois au cœur du quartier. Ce marché se trouve sur une seconde place, semi ouverte sur le parc reliée à la première par un large passage. Un marché couvert est un lieu polyvalent, on imagine aisément son utilisation en été, au bord du plan d'eau.

Le marché couvert est le quadrilatère bleu au centre de la zone clair. Sa structure est légère et ses espaces sont très modulables.


Sur cette vue des volumes, on a la ville qui s'ouvre sur le parc, une vraie orientation vers le sud, l'ensoleillement et le prolongement du centre ville (médiathèque, église, hôtel de ville, commerces...). L'ensemble des façades entourent le plan d'eau, une place qui n'a pas son pareil dans la CUS.



Une dernière vue de la place depuis l'ouest de l'îlot en direction le la première place et de la Route de Bischwiller.

On a bien là une ambiance différente de la première place. On a aussi un projet moins vague, plus orienté, structuré par son contexte. Créer une seconde place distincte bien au centre de l'îlot, permet de basculer le centre névralgique au cœur du projet, de créer une vraie centralité, ce qui n'existe pas dans le projet de Denu et Paradon.




On amène l'activité à se développer en trois endroits: la route, la place, et la seconde place. 3 lieux identifiables, 3 lieux différents mais reliés simplement. Dans le projet retenu, seule la route et l'entame de la rambla auront une certaine animation. C'est tout !

Les premiers coups de pioches sont donnés, le projet ne pourra plus évoluer, mais l'exemple est bon pour montrer que l'intention de créer un pôle urbain est trop superficielle. L'alternative proposée n'est qu'une exemple parmi d'autres pour concrétiser cette idée de ville rythmée. Le rythme urbain est primordial, structuré par des entités urbaines identifiables comme les places.

Le rythme c'est l'articulation des volumes, des pleins, des vides, mais c'est aussi un travail sur les façades.

L'idée finale pour illustrer ces propos, c'est de se dire que par exemple, l’événement estival phare schilikois, la fête de la bière, aurait pu se déployer sur ce projet. On sent que la double place du projet alternatif aurait pu accueillir un détachement des animations. Le projet de Denu et Paradon en revanche, rend cette tâche moins instinctive ! Lorsque le projet sera achevé, je prédis que la fête de la bière n'évoluera pas.

Il ne s'agit pas d'en faire un lieu de foire, mais de permettre de l'animation, c'est ce qu'on appelle une place publique. Créer des lieux de ville qui semblent être fait pour être des lieux fédérateurs, des lieux de rassemblement festifs, quand on en a besoin. Un lieu qui permet la fête, mais qui donne aussi envie d'y faire la fête, parce que l'ambiance s'y prête. Aujourd'hui, c'est la place de la mairie qui tient ce rôle, par défaut. Une place qui n'est pas très accueillante, une place difficile à comprendre et à apprécier. Elle accueille cette fête parce que c'est la seule place centrale, mais pas parce qu'on s'y sent bien.

Cette place est d'ailleurs plus un vide qu'une place, les bâtiments la formant lui tournant le dos.

Et la configuration du projet en construction ne crée pas cet espace manquant, difficile d'identifier le lieu comme place publique, et la curieuse et désagréable place de la mairie sera pour longtemps encore la seule place de Schiltigheim, à défaut d'une vraie ! 

Alors à la question de la création d'un centre-ville, on peut dire que Schiltigheim aura un nouvel espace piéton avec des commerces, en relation avec un nouveau parc. De là à dire que ce lieu exercera le poids d'un lieu central de vie urbaine, je pense que ça ne le sera pas plus que d'autres opérations, tel que Futura, ou le quartier de la mairie. Un projet sans réel impact dont le parc en été sera le seul lieu animé, et ça, ce n'est pas fait exprès !

Je pense que les employés qui travaillent dans ce secteur auraient pu souhaiter un lieu contemporain avec enfin des terrasses et des restaurants, pour se poser, quelques minutes sous un soleil printanier. Là, il n'y aura que le Biergarten, et pas d'alternative. Tant pis. Il reste les Brasseries Fischer et Schutzenberger... 

vendredi 8 février 2013

Strasbourg21

Strasbourg, ma ville. Ville rhénane, bastion romain, ville libre du Saint Empire Romain Germanique. 
Strasbourg, cité commerciale, cité d'échange, cité de rencontre, la ville des routes.
Strasbourg prodigieuse cité épiscopale, cité de culture, d'art et de création, cité de connaissances et de savoir-faire, berceau de l'Imprimerie moderne. 
Strasbourg, ville de la Renaissance et de l'Humanisme, cité de la Démocratie, modèle pour Érasme.
Strasbourg ville frontière, tourmentée, ballotée. Strasbourg ville de la réconciliation, de la Paix. 
Strasbourg ville biculturelle, multiculturelle, capitale de l'Alsace, ville de France et ville d'Europe

Strasbourg est une ville marquante, le paysage urbain varie sensiblement au détour des rues et du temps. C'est le témoignage d'une riche Histoire. L'Art et l'Architecture ont marqué durablement cette Histoire.

Le destin a voulu que Strasbourg devienne une capitale, pour que l'avenir puisse se construire en ses murs, sur les fondations solides d'une bonne connaissance du Passé et des erreurs à ne plus reproduire.

Strasbourg est aujourd'hui une métropole moyenne, qui a parfois du mal à exister parmi ses voisines européennes. Une métropole sage, peut être trop.

Son statut, son rôle dans l'Europe contemporaine semble être acquis. Pourtant l'Histoire nous dit que rien, jamais, n'est définitivement acquis. Il faut sans cesse s'affirmer pour exister.

La ville a su se distinguer, notamment en terme de déplacements urbains où elle a été pionnière. Mais cette ébullition s’essouffle et l'agglomération est en perte de vitesse. Strasbourg n'a ni le soleil, ni la mer. Elle doit se battre doublement pour continuer à exister.

Le XXIe siècle est définitivement le siècle des villes. Si aujourd'hui, environ 50% de la population mondiale vit en ville, il faut savoir qu'en 2050, c'est près de 80% de la population mondiale qui vivra en ville. L'enjeu est énorme: Strasbourg doit à tout prix se distinguer parmi les villes.

Alors même si c'est une ville sous les nuages et loin des côtes méditerranéennes,  elle possède des atouts, outre ses jolies maisons Renaissance et sa puissante cathédrale: c'est une ville à l'échelle humaine, on peut aisément s'approprier son espace, ses différents pôles sans se déplacer trop longtemps. On peut aussi regagner son domicile en un temps raisonnable après le travail, les courses, ou les loisirs. De plus, l'ouverture sur la campagne proche permet de quitter l'environnement urbain en quelques minutes. Les progrès dans les transports, notamment les transports en commun en site propre permettront peu à peu d'optimiser encore la situation.

Le cadre est important pour la qualité de vie: les corridors verts sont présents et peuvent devenir plus centraux; les rivières et canaux, présents dans un grand nombre de quartiers et de faubourgs permettent de créer une vie au fil de l'eau. La ville longtemps tourner vers la ville peut aujourd'hui se tourner vers la nature.

Strasbourg se situe aussi idéalement dans une région d'Europe dynamique, la mégalopole européenne, ce qui est une aubaine en terme d'échanges. Elle se trouve aussi au centre du "pentagone européen" formé par cinq importantes villes que sont Paris, Londres, Hambourg, Munich et Milan. Lorsque l'accessibilité de la ville sera confortée, elle se trouvera au centre d'un système ne pouvant que lui être bénéfique. Mais il faut faire exister cette chance ! 


 Strasbourg au cœur de la mégalopole européenne en jaune, entourée par 5 métropoles structurantes appelées le "pentagone européen". Les lignes jaunes montrent l'étoile ferroviaire de Strasbourg. Sur cette première étoile se situent les villes qui seront en 2016 à moins d'une heure en train de l'agglomération. Le prolongement de cette étoile en rouge, montre les villes qui seront dans moins de 10 ans, à moins de deux heures en train de la ville. Ce réseau montre ce que peut être l'aire d’influence de Strasbourg. L'ensemble montre l'emprise de Strasbourg au cœur du moteur de l'Europe économique et politique. Cette situation très favorable, Strasbourg ne semble en profiter que très peu.

Je ne sais pas encore si elles sont bonnes ou mauvaises, mais je suis depuis mon enfance, producteur d'idées urbaines, et j'ai envie aujourd'hui de les partager, de trouver un écho et des réactions, de susciter des débats sur la ville.
 
Ce Blog Strasbourg21, nommé ainsi pour faire référence au XXIe siècle, sera mon laboratoire d'idées et j'espère y trouver des réactions et des alternatives nombreuses. 


Trois grands thèmes seront développés dans ce blog:

  • Strasbourg Métropole - Capitale institutionnelle:
Tenter de cibler ce qu'il faut à l'agglomération strasbourgeoise, future eurométropole dans l'Acte III de la loi sur la décentralisation qui sera voté au printemps 2013. Il s'agit d'une part des équipements structurants pour une métropole et qui manquent à Strasbourg. 
Mais pour devenir une métropole, il ne s'agit pas seulement de doter l'agglomération de grands équipements. Ce qui fait défaut à Strasbourg, ce qu'on lui reproche encore trop souvent, c'est de manquer de vie. Cette question obscure mais réelle, est très peu abordée à l'heure actuelle, alors qu'elle est décisive. C'est la différence majeure entre Strasbourg, et Paris, ou Bruxelles. La différence n'est pas qu'une question de taille, et n'est pas non plus qu'une question d'accessibilité. Strasbourg n'est pas non plus trop petite pour être plus vivante. Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas la taille qui compte. 

Je tenterai donc d'autre part d'explorer plusieurs pistes pour cerner mieux cette vie urbaine et permettre de la faire exister.

  •  Strasbourg sur le Rhin:
Le Moment urbain du XXIe siècle à Strasbourg, c'est de se construire sur le grand fleuve. Strasbourg sur l'Ill de sa création et durant des siècles, aujourd'hui la ville s'apprête à franchir un nouveau seuil, peut être encore plus important que celui de la Neustadt en 1880. Car jusqu'à aujourd'hui, le Rhin c'est la bordure, la limite de Strasbourg. L'objectif, c'est de passer de limite de ville à cœur de ville. Évidemment c'est une exagération pour affirmer que ce secteur de fin de ville sera bientôt intégré à la ville et pourra même en constituer un pôle nouveau. Kehl intégrera aussi enfin l'entité urbaine de la future eurométropole. Dans la réalité des faits, ça ne sera plus un exploit d'aller à Kehl faire ses courses, prendre une glace ou sortir le samedi soir. On ira à Kehl comme on va à Neudorf ou à Hautepierre: facilement.
Strasbourg sur le Rhin signifie aussi nouvelle philosophie de la ville: une approche urbaine qui cessera de tourner le dos au réseau hydrographique et à la nature; de la mixité sociale, fonctionnelle et architecturale; de la proximité, une nouvelle approche des déplacements...

Ce bout de ville est déjà en train de naître. Mais l'ensemble reste plutôt laborieux: il y a des secteurs bridés comme Malraux, beaux mais auxquels on sent qu'il manque quelque chose pour être vraiment urbains; et des secteurs malheureusement ratés comme le Bruckhof qui passe complètement à côté de son destin. Au bord du Rhin, on a beau construire neuf on ne construit pas pour autant de la ville. Et si on ne le fait pas dès le début, si on ne le ressent pas directement, ça ne vient pas "avec le temps". 

Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui cet axe s'urbanise au même moment, et sur un même périmètre géographique, mais on ne peut vraiment pas parler de cohérence générale comme c'est le cas à Hambourg Hafencity ou Lyon Confluence. Et en plus, on ne peut pas vraiment se consoler avec la beauté du bâti: c'est tristement fade voire pire.

Ce thème sera donc consacré entièrement à ce nouveau cœur de ville qui pourrait constituer à terme le second pôle urbain avec la Grande Île, ce qui est loin d'être réalisé.

  • Strasbourg et échelle humaine: 
Strasbourg est et doit rester car c'est une force, une ville à l'échelle humaine. Au cours du XXIe siècle, il est probable que les villes géantes telle que Paris perdent du poids car la qualité de vie est bien inférieure à celle d'une ville moyenne où on peut en quelques minutes quitter la ville pour la nature, quitter son travail pour trouver son domicile. A condition que cette ville moyenne propose les mêmes services et les mêmes forces que la villes géantes. C'est d'ailleurs là tout l'enjeu pour Strasbourg: être une ville moyenne attractive mais pas oppressante.
Dans ce dernier grand thème, l'idée sera d'explorer plusieurs thématiques: 
- le traitement des fronts urbains, cette zone entre la ville et la campagne longtemps négligée qui aujourd'hui est un "fourre tout": habitations, zones industriello-commerciales. Il est primordial aujourd'hui d'assumer consciencieusement cette transition, pour qu'elle soit plus douce. On parle par exemple de réintroduire la culture maraîchère aux portes des villes. C'est une piste.

- Cette notion de transition introduit les coulées vertes qui se glissent de la campagne au cœur de l'agglomération. Ces espaces naturels constituent des opportunités véritables. Les poumons de la ville mais aussi les potagers...

- Dans le même esprit, c'est l'idée de préserver ou reconstituer un rythme urbain qui va crescendo: campagne - village - pôle urbaine secondaire - faubourg - ville - pôle urbain principal. Il est important que le centre de l'agglomération soit attractif à l'échelle régionale voire internationale, il est important aussi de faire exister des pôles urbains secondaires dans les quartiers, villes et villages qui entourent Strasbourg: Place du Marché de Neudorf, centre-ville d'Illkirch, de Kehl, de Schilthigheim etc...

- Aussi à l'échelle Ville - Campagne, il est une thématique majeure, celle des déplacements et particulièrement des flux pendulaires. Je militerai particulièrement pour la mise en place d'un système de RER, sachant que la CTS est désormais partenaire de la SNCF. Il est vrai que c'est un sujet difficile car c'est sur le territoire urbain, mais de la compétence de la région sur un réseau appartenant à RFF et géré par la SNCF. La discussion doit être enfin lancée !
Quant au tram, il est temps de franchir une nouvelle étape. Tram ne doit plus forcément rimer avec extension mais avec optimisation du réseau. Aujourd'hui la densité des trams au centre-ville freine considérablement la vitesse commerciale du réseau. La traversée du centre-ville en tram devient interminable. Il existe une solution: un contournement du centre-ville en passant par les quais, reliant les Halles à la place de la République. 800m de rails nouveaux pour ne plus créer de bouchons à la Place de l'Homme de fer !
Pour finir, ce n'est pas pour autant qu'il faut faire disparaître entièrement la voiture. Il y a des situations où la voiture est à privilégier. Elle est aujourd'hui diabolisée particulièrement parce qu'elle fait du bruit et pollue, mais cette réalité est en train de changer. Alors si en cœur de ville, pour des déplacements courts, la voiture peut aisément être bannie, son utilisation doit pour d'autres cas être utilisée et optimisée. On ne peut enlever aux individus la liberté permise par un véhicule individuel. 


 


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